Le mental et le froid :

Effets psychologiques

Les effets neurologiques du froid et leur impact sur notre psychologie.


Temps de lecture estimé : 10 minutes

Publié le 18/07/2025

Force mentale et concentration

Introduction

Si l'immersion dans le froid est souvent réduite à ses aspects spectaculaires, respiration puissante, bains glacés, exploits extrêmes, son vrai moteur se trouve ailleurs.

Derrière chaque immersion dans la glace, chaque rétention de souffle prolongée, il y a une force plus discrète mais essentielle : la concentration mentale.

Ce troisième volet est souvent le moins visible… mais c’est lui qui permet de tenir dans le froid, de calmer le mental, de libérer le corps.

C’est aussi le chaînon manquant qui relie physiologie, émotions et volonté.

Dans cet article, nous allons explorer les effets neurologiques et physiologiques du froid et pourquoi cette discipline intérieure change profondément notre rapport au stress, à la douleur et à la vie.

1. Le vrai pouvoir : contrôler l’incontrôlable ?

Pendant longtemps, on croyait que le système nerveux autonome ne pouvait pas être influencé consciemment.

Puis les études ont vu le jour, avec des IRM, des électrodes, et des chercheurs perplexes.

Grâce à la concentration extrême, notamment pendant l’exposition au froid et la respiration, il est possible de :

  • Modifier sa température corporelle

  • Réduire sa réponse immunitaire inflammatoire

  • Influencer son rythme cardiaque et sa pression artérielle

🔬 Des expériences en laboratoire (Radboud University, 2014) ont prouvé que ce n’était pas du folklore, mais bien une capacité humaine latente.

2. La concentration comme porte d’accès au système nerveux autonome

il ne s’agit pas de concentration intellectuelle, mais d’une présence totale dans le corps.

Une attention canalisée, dirigée volontairement — souvent accompagnée d’une intention claire

(ex. : “Je tiens 2 minutes dans ce bain glacé en étant relâché”).

Ce que ça produit :

  • Activation du cortex préfrontal : centre de la volonté, de l’auto-régulation, et de l’attention sélective

  • Inhibition de l’amygdale : centre de la peur et du stress

  • Stimulation du nerf vague : clé de l’accès au système parasympathique (relaxation, récupération)

🧠 Cette maîtrise attentionnelle influence directement le corps… en passant par le cerveau.

3. Neuroplasticité : entraîner le mental comme un muscle

À force de répéter un acte difficile (retenir son souffle, s’exposer au froid, ralentir le mental), une restructuration du cerveau se met en place. C’est ce qu’on appelle la neuroplasticité.

Avec une pratique régulière :

  • Le seuil de tolérance à l’inconfort s’élargit

  • Les circuits liés au stress perdent en dominance

  • Les zones liées à la volonté et à l’auto-contrôle (cortex cingulaire, insula) se renforcent.

Résultat :

On devient moins réactif au stress, plus présent, et plus libre dans ses choix face aux situations difficiles.

❄️ Le froid devient ainsi un vrai coach mental.

4. État modifié de conscience et cohérence cerveau-corps

Lors de pratiques avancées (prolongation de rétention de souffle, respiration intense, froid extrême), certains participants décrivent des états proches :

  • de la transe

  • de la méditation profonde

  • voire d’expériences mystiques

  • Sur le plan neurologique :

    • Ondes alpha et thêta plus fréquentes → relaxation, introspection

    • Synchronisation entre les hémisphères cérébraux

    • Connexion accrue entre le cortex et le tronc cérébral (qui gère les fonctions vitales)

    • Ondes alpha et thêta plus fréquentes → relaxation, introspection

    • Synchronisation entre les hémisphères cérébraux

    • Connexion accrue entre le cortex et le tronc cérébral (qui gère les fonctions vitales)

🧘 On parle d’état de flow, où les barrières entre corps et esprit deviennent floues.

5. Volonté et visualisation : des effets mesurables

Les pratiquants utilisent fréquemment la visualisation mentale avant leurs immersions..

Des études sur l’imagerie mentale ont prouvé que :

  • Imaginer un état corporel (chaleur, calme, résistance) active les mêmes zones que le vivre réellement

  • La visualisation réduit la perception de la douleur

  • Elle augmente la tolérance au froid, même en l’absence d’exposition en eaux gelées.

🖥️ L’association d’une image mentale claire et d’un état physiologique intense renforce cette connexion. C’est ce qu’on appelle un ancrage corps-esprit.

6. Résilience mentale : sortir de la zone de confort, volontairement

En s’exposant volontairement à une difficulté (eau glacée, rétention d’air, inconfort), on développe un système de réponse volontaire au stress, qui change notre rapport à la vie.

Bénéfices psychologiques constatés :

  • Réduction de l’anxiété

  • Diminution des symptômes dépressifs

  • Meilleure régulation émotionnelle

Le froid devient outil pour s’entraîner au courage, à la présence, à l’acceptation.

↔️ Et cette capacité se transfère à d’autres sphères : conflits, douleurs, perte, pression professionnelle…

7. Une méditation active à contre-courant

Contrairement à la méditation classique, où l’on reste immobile, la méthode Wim Hof plonge dans l’action :

Respiration active. Corps engagé. Confrontation avec l’élément.

Mais l’objectif est le même :

  • Revenir dans le moment présent

  • Observer ses pensées sans s’y perdre

  • Habiter pleinement son corps

🧘 C’est une voie méditative dynamique, parfaite pour ceux qui ont du mal à rester assis sur un coussin, ou qui cherchent une pratique incarnée.

8. Un effet miroir : ce que le mental révèle dans l’effort

Grâce à la libération de dopamine et noradrénaline, l’exposition au froid améliore la qualité de l’éveil en journée… mais aussi le sommeil profond le soir.

Dans l’eau glacée ou en pleine rétention, le corps parle… mais surtout, le mental crie.

  • “Je ne vais pas y arriver”

  • “C’est trop long”

  • “C’est dangereux”

  • “Je suis nul”

Ces pensées ne sont pas nouvelles. Elles sont déjà là dans le quotidien, souvent silencieuses mais actives. Le froid ou l’effort les rend visibles.

Y croire ... Ou observer… et rester.

Conclusion : Rendre visible l'invisible

Le troisième volet n’est ni visible ni mesurable aussi facilement que l’adrénaline ou la fréquence cardiaque. Pourtant, c’est lui qui tient tout le reste.

La concentration mentale, la force de volonté et la visualisation sont des clés d’accès à notre physiologie profonde.

En réapprenant à diriger notre attention, à accueillir l’inconfort, à faire silence dans le chaos, on redécouvre une capacité oubliée : celle de redevenir acteur de notre état intérieur.

Et dans un monde saturé de distractions, ce pouvoir-là est peut-être le plus révolutionnaire.

✳️ Pour aller plus loin :

  • Testez les effets de la douche froide. Pratiquez de façon très progressive.

  • Observer vos schémas de pensées. Repérez les croyances limitantes

  • Posez une intention. Vivez l'expérience avec un solide "Pourquoi"

Sources :

  • Kox, M. et al. (2014). Voluntary activation of the sympathetic nervous system and attenuation of the innate immune response in humans.

  • Hof, W. (2020). The Wim Hof Method.

  • Lutz, A. et al. (2008). Attention regulation and monitoring in meditation. Trends in Cognitive Sciences.

  • Tang, Y. Y., et al. (2015). The neuroscience of mindfulness meditation. Nature Reviews Neuroscience.

  • Zeidan, F. et al. (2011). Brain mechanisms supporting the modulation of pain by mindfulness meditation.

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